Le grabataire est un sujet dépendant, qui a dans la situation alitée peut avoir très
rapidement des conséquences catastrophiques sur l’état corporel et psychologique. Une
immobilisation même très brève peut être source de complications rapides ; d'où l’intérêt
de la toilette quotidienne pour lui
Un grabataire est un malade qui ne se lève plus. Il y en a de deux sortes : le grabataire
horizontal, qui ne peut quitter son lit, et le grabataire vertical, qui peut aller au fauteuil. Ces deux
situations ont des aspects semblables et des aspects très différents, Il faut donc avant tout lutter
contre l’immobilisation. Mais il faut aussi savoir comment on peut prendre en charge le sujet
grabataire, puisque une immobilisation même très brève peut être source de complications
rapides survenant en quelques heures (escarre, phlébite, compression nerveuse, perte des
réflexes d’équilibre...) d’autres apparaîtront plus à distance (rétractions, troubles de la continence
. Les soignants jouent un rôle primordial dans la prise en charge des patients grabataires quelle
que soit la pathologie initiale ils interviennent au niveau de la nutrition, de l'hydratation, des
troubles sphinctériens, de la prévention des escarres, des phlébites, des infections broncho-
pulmonaires, des douleurs
Les conséquences de décubitus et l'hypo mobilité sont la cause de complications chez le
patient alité, en raison de :
• l'incapacité à changer de position ou à contracter volontairement ses muscles, lors d'un
coma – ou d'une anesthésie prolongée –, ou du fait d'une pathologie neurologique, de
contraintes liées à la pathologie ou à son traitement (alitement pour fracture du rachis, mise en
traction, contention, suite de chirurgie par exemple) ;
• la réduction importante des efforts, induisant une désadaptation cardiorespiratoire
; • la réduction de contraintes sur l'appareil locomoteur, à l'origine d'une amyotrophie, de
rétractions musculoligamentaires, d'une résorption osseuse (et d'une hyper calciurie) ;
• l'appauvrissement des afférences sensorielles ;
• la position inadéquate pour l'élimination urinaire et fécale, et pour l'alimentation ;
• la perturbation de la mécanique ventilatoire, parfois aggravée par un traumatisme
thoracique ou par la réduction du réflexe de toux (suites d'anesthésie, douleur
thoracoabdominale d'origine chirurgicale ou non, effet indésirable d'un traitement…) ;
• la difficulté de communication et de prises d'informations, et la dépendance, avec un
retentissement neuropsychologique, s'ajoutant aux conséquences directes de la pathologie
dont souffre le patient.
APPLICATION DES PROTOCOLES DE SOINS SUR LA PREVENTION DES COMPLICATIONS DE DECUBUTIS CHEZ LES PATIENTS GRABATAIRES
Les complications de décubitus (position allongée), elles sont plus précisément liées à l’immobilisation : la perte
de la station verticale et l’absence d’exercice se conjuguent. Ils peut s’agir de » simples » modifications du
fonctionnement de l’organisme..
Prévention des complications thromboemboliques
Dépister une complication:
Surveiller ה, TA , T°,respiration
Surveiller la chaleur des membres
Surveiller si douleur+signe de HOMANS(mollet)
Surélever les membres inférieurs (lit électrique)
En cas d’œdème, indication de massage de drainage veineux des membres inférieurs à réaliser par le
kinésithérapeute.
Vérifier si prescription d’une héparine de bas poids moléculaire à titre prophylactique.
Prévention des complications respiratoires :
Surveiller respiration , coloration , T°, TA.
Dépister l’encombrement pulmonaire
Indication de rééducation par kinésithérapeute avec aide à l’expiration.
Prévention de la constipation :
Hydrater sauf contre-indication(faire boire++)
Surveiller et noter les selles.
Vérifier si prescription de laxatifs doux (Forlax , Duphalac®, Movicol®)
Vérifier si prescription de massages du cadre colique.
Prévention de l’enraidissement articulaire et des rétractions musculo-tendineuses :
Posture les chevilles à 90° avec des mousses pour éviter l’installation d’un équin.
Mobilisation pluri-quotidienne
Vérifier si prescription de kinésithérapie (mobilisations passives des membres inférieurs quotidiennes).
Prévention des complications cutanées
Installation du malade sur un lit électrique.
Mise en place de matelas à eau 2 (fesses- talons)
Réaliser rigoureusement les soins d’hygiène quotidiennement
Surveillance pluri- quotidienne des points d’appui (occiput, épines des omoplates, sacrum, trochanters, têtes des péronés, talons).
Réalisation d’effleurages des points d’appui pour assurer une bonne vascularisation locale.
Réalisation éventuelle complémentaire de mousses de décharge pour les talons et de posture anti-équin
Prévention des complications urinaires
Favoriser l’élimination
Eviter la stase urinaire responsable d’infection
Faire boire plusieurs fois par jour. Si patient sondé :( Protocole Hygiène- soins de sonde)
Surveiller T° ,
Surveiller si douleur à la miction.
Vérifier et noter la diurèse
Surveiller l’aspect ,la couleur et l’odeur des urines.
Prévention des complications psychologiques
Importance de dépister un découragement.
Faire collaborer le patient aux gestes et soins quotidiens.
Privilégier le relationnel .
Informer et éduquer le patient.
L’éducation thérapeutique du patient grabataire
L’éducation thérapeutique dont le but est d’aider les patients à acquérir ou maintenir les
compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec sa maladie. Elle fait
partie intégrante et de façon permanente de la prise en charge du patient.
l’acquisition et le maintien par le patient de compétences d’auto soins (décisions
que le patient prend avec l’intention de modifier l’effet de la maladie sur sa santé).
Parmi elles, l’acquisition de compétences dites de sécurité vise à sauvegarder la
vie du patient ;
la mobilisation ou l’acquisition de compétences d’adaptation (compétences
personnelles et interpersonnelles, cognitives et physiques qui permettent aux
personnes de maîtriser et de diriger leur existence, et d'acquérir la capacité à
vivre dans leur environnement et à modifier celui-ci). Elles s’appuient sur le vécu
et l’expérience antérieure du patient et font partie d’un ensemble plus large de
compétences psychosociales.
L’éducation thérapeutique du patient permet par exemple au patient de soulager ses
symptômes, de prendre en compte les résultats d’une auto-surveillance, d’une auto-
mesure, de réaliser des gestes techniques (injection d’insuline), d’adapter des doses de
médicaments. Elle contribue également à permettre au patient de mieux se connaître, de
gagner en confiance en lui, de prendre des décisions et de résoudre des problèmes, de
se fixer des buts à atteindre et de faire des choix puisque La démarche éducative
accorde une place prépondérante au patient en tant qu’acteur de sa santé. L’éducation
thérapeutique du patient est un processus continu d’apprentissage et de soutien
psychosocial permettant au patient une meilleure gestion de la maladie et de son
traitement au quotidien
L’infirmier dans son rôle propre doit :
- Élaborer un diagnostic éducatif
- Planifier et mettre en oeuvre les séances d’éducation thérapeutique du patient
collective et/ou individuelle
- Réaliser une évaluation individuelle. Elle permet de faire le point avec le patient sur
ce qu’il a compris, ce qu’il sait faire, comment il vit au quotidien avec sa maladie, ce qu’il
lui reste éventuellement à acquérir afin de lui proposer une nouvelle offre d’éducation
thérapeutique
- suivi du patient : gestion de la maladie, maintien des compétences et soutien à la
motivation
CONCLUSION
La prise charge du patient grabataire ne relève pas d’une spécialité spécifique. Toutes les équipes et
tous les modes de prise en charge peuvent y être confrontés en particulier en rééducation,
réanimation, gériatrie, chirurgie et aussi les soins à domicile
. Des informations d’un niveau de preuve suffisant concernant l’évaluation, la prévention et le
traitement des complications de décubitus. Il est recommandé que des professionnels de
qualifications différentes et des équipes développent une compétence particulière dans le domaine
de prise en charge des patients grabataires de façon à devenir des référents qui puissent être
consultés par leurs collègues : médecins référents, infirmiers référents, équipe mobile médecin-
infirmière (soins a domicile)et l’organisation des séances d’éducation sanitaires .
La prise en charge des patients grabataire nécessitent une formation des soignants et des médecins
sur la prévention et sur les nouvelles technique de soins modernes en cas de complication qui doit
faire partie de la formation continue de tout médecin et de tout soignant.